Conte du Sud-Ouest
Encore un dessin tiré de la série des puzzles (voir l'article précédent). Celui-là est tiré d'une légende de ma région.
Le soir au clair de lune, sur le pont de Mesplet à Belin, on entendait taper, les battoirs chanter et de la musique s’élever. C’était sur les bords de l’Eyre que les fées faisaient leur lessive. Elles habitaient dans les sous-terrains du château abandonné.
Lorsque quelqu’un était malade, il trouvait sous sa fenêtre ou sur le pas de sa porte au petit matin un pot empli de tisane préparée par les fées avec des plantes sauvages qui guérissait n’importe quelle maladie. Pour payer les fées on leur donnait un peu de graisse d’un porc que l’on venait de tuer.
Il y avait dans le village un homme avare qui habitait une très belle maison. Un jour, alors qu’il était sur l’Eyre, son bateau chavira et il tomba à l’eau. Les fées le sauvèrent. Il se réveilla près d’un feu au bord de la rivière, un pot de tisane à ses côtés. Mais il ne voulu pas s’en servir, refusant de devoir quoi que ce soit aux fées.
Plusieurs jours plus tard, alors qu’il venait de tuer un porc, une vieille femme voûtée se présenta à la porte et demanda un pot de graisse. Aimablement, la femme de l’avare alla lui chercher un pot de graisse, mais son mari ne l’entendait pas de cette oreille. Il renversa méchamment le pot de graisse bouillante sur la vieille. Cette dernière se changea alors en une jolie dame. La fée, puis que c’est était une, pour punir l’avare, le transforma en sanglier pour l’éternité, où il court sur les bords de l’Eyre, tous les ans du 1er an au 6 janvier.
Avant de partir, la fée annonça qu’elle allait partir avec son peuple pour ne jamais revenir.
On dit que les fées partirent par les sous-terrains qui sortent, dit-on, aux pierres gauloises à Beliet.
On dit aussi qu’elles partirent en bateau sur la Leyre vers Arcachon.
La femme de l’avare mourut de la fièvre, pauvre et misérable.